
Par voie de presse, Monsieur Patrice MAS, directeur de la centrale nucléaire de Saint Alban vient d’annoncer une série de travaux pour cette centrale et son souhait d’une prolongation de 35 ans, soit jusqu’en 2048 ! Nul doute qu’un directeur de centrale ne communique pas sur un sujet aussi sensible sans l’aval de son employeur, EDF.
Pour les écologistes cette annonce est un écran de fumée qui vise à faire oublier l’état catastrophique de la sécurité de cette centrale.
Comme nous l’avions déjà indiqué l’Autorité de Sureté Nucléaire française (ASN) a rendu en juin 2012 son bilan annuel. Concernant la centrale de St Alban, son jugement est sans appel : « En 2011, l’ASN a constaté que des exigences structurantes prescrites par l’échelon national d’EDF ne sont pas déclinées correctement sur le site et le retard pris dans ce domaine depuis 3 ans n’est pas en voie de résorption. […] En matière de protection de l’environnement, l’ASN considère que les performances du site sont en retrait par rapport à l’appréciation générale des performances que l’ASN porte sur EDF, le site manquant notamment de rigueur dans l’exploitation des installations classées pour la protection de l’environnement. De manière générale, l’ASN considère que le site de Saint-Alban doit prendre rapidement des mesures volontaires, concrètes et d’une ampleur adaptée à la nature des difficultés qu’elle a pu constater […] ».
Dans ce contexte l’annonce de travaux qui permettraient selon EDF de prolonger de 35 ans cette centrale déjà vieille de 25 ans, relève d’une grossière opération de communication visant à rassurer et endormir citoyens et élus.
Cette annonce est aussi un coup de canif démocratique inacceptable. Alors que démarre à peine le grand débat national sur la transition énergétique, EDF et les acteurs du nucléaire français tentent de préserver leurs intérêts. Mais est-ce à EDF d’édicter l’avenir du modèle énergétique français ? Est-ce à un directeur de centrale d’annoncer à la presse de combien d’années doivent être prolongés des réacteurs nucléaires ? Ou bien ces choix majeurs reviennent-ils aux citoyens ?
Par ailleurs et comme d’habitude, cette annonce a été faite sans aucune information préalable aux membres de la Commission Locale d’Information (CLI) de la centrale de Saint-Alban. Olivier BERTRAND, membre de cette CLI, demande que les travaux envisagés par EDF soient détaillés lors de la prochaine réunion de la CLI, ainsi que toutes les mesures que l’exploitant compte prendre pour enfin répondre aux exigences de l’ASN dont plusieurs centaines de recommandations sont pour l’instant restées lettres mortes.
Alors que le Président de la république et le gouvernement multiplient les annonces inquiétantes en faveur de la filière nucléaire en France2, nous rappelons que la participation des écologistes au gouvernement s’est faite sur la base d’un projet prévoyant la diminution de la part du nucléaire de 75 à 50% à l’horizon 2025. Il faudra, pour cela, fermer d’autres centrales que celle de Fessenheim. Pour différentes raisons celle de Saint Alban pourrait être concernée par cette fermeture dans les années qui viennent. Plutôt que de tenter le passage en force, EDF ferait mieux d’anticiper cette transition. Le démantèlement des centrales mobilisera de nombreux emplois pour de longues années mais pose de nombreux défis technologiques, aujourd’hui sans réponse, auxquels il convient donc de s’atteler.
Olivier BERTRAND, Conseiller général Europe Ecologie les Verts de l’Isère, conseiller municipal de Grenoble, Membre de la Commission Locale d’Information de la centrale nucléaire de St Alban
Pierre Hémon, Adjoint Europe Ecologie Les Verts de Lyon
Olivier Longeon, Conseiller Régional Europe Ecologie Les Verts de la Loire