Projet Lyon-Turin : « il y a tromperie sur la marchandise ! »
La décision prise au sommet Franco-Italien de construire le « tunnel de base » entre les deux pays va dans le sens du développement du ferroviaire. Nous nous en réjouissons.
Mais cette décision sans plan de financement n’est qu’une demi décision.
Concernant l’ensemble du projet (marchandises + voyageurs), nous mettons en avant certains éléments fondamentaux largement laissés dans l’ombre :
1. Dans l’état actuel du dossier, il n’y a pas « priorité au fret ferroviaire » :
C’est pourtant ce que réclament depuis quelques années (mais bien après Les Verts !) les élus de tous bords, notamment le premier Ministre lors de son intervention à Chambéry. Or, hormis l’expérience de « ferroutage » avec la
technique Modalhor, la première réalisation sera un tronçon TGV uniquement voyageurs, de l’aéroport Saint Exupéry à Chambéry (remise de l’étude d’APS pour juin 2001).
Le projet de fret ferroviaire, beaucoup moins avancé dans les études, est encore dans le flou le plus complet entre Ambérieu et la traversée alpine, alors que le projet autoroutier Ambérieu Bourgoin-Jallieu directement
concurrent, est très avancé. Est il d’ailleurs réaliste et raisonnable sur le plan financier comme sur le plan environnemental, d’envisager de faire dans un temps relativement bref, deux infrastructures ferroviaires nouvelles (avec trois importants tunnels, un sous L’Epine pour le TGV et deux sous Chartreuse et Belledonne pour le fret ferroviaire) et une autoroute dans le Nord Isère ?
D’autant qu’il n’y a pas urgence pour les voyageurs et qu’ il existe des alternatives moins coûteuse que la LGV.
2. Des budgets importants sont déjà nécessaires pour moderniser l’ensemble des infrastructures existantes de la région et pour acquérir le matériel qui fait cruellement défaut.
Comment financera t’on la LGV alors qu’il a fallu marchander sou par sou une électrification ici ou un doublement des voies ailleurs ?
Le budget d’investissement pour la mise en gabarit B+ pour le ferroutage sur la ligne Ambérieu – Modane n’est même pas bouclé !
C’est un véritable « plan Marshall » qu’il faudrait pour rattraper le retard accumulé et rendre le ferroviaire (marchandise comme voyageur) compétitif par rapport à la route.
L’État, hormis les contrats de plan, n’a prévu aucun financement pour cela.
3. Une nouvelle infrastructure fret ferroviaire sera inutile si elle ne s’accompagne pas d’une réorientation radicale et courageuse de la politique des transports.
Nous regrettons que la France n’ait pas profité de la présidence de l’Union Européenne pour faire avancer une politique fiscale et réglementaire au niveau européen. Ce n’est qu’en mettant fin à la sous-tarification routière qu’on incitera le trafic marchandise longue distance, quasiment subventionné par les pouvoirs publics, à se reporter sur le rail et qu’on freinera sa
croissance exponentielle.
Par ailleurs, la poursuite de la politique autoroutière que nous propose le Ministère Gayssot et la réouverture du tunnel du Mont Blanc au trafic poids lourds international (que nous refusons) sont en totale contradiction avec la priorité au ferroviaire proclamée par les élus.
4. Les différentes possibilités de traversées alpines pour le fret ferroviaire doivent être étudiées de façon globale et complémentaire. Nous demandons la mise en œuvre d’un DEBAT PUBLIC contradictoire sur
l’ensemble de ces traversées en lien avec l’axe Nord Sud, comprenant le contournement de Lyon.
Ce débat est réclamé en vain, par notre Ministre de l’Environnement Dominique Voynet ainsi que par le milieu associatif et par certains syndicats.
Les Verts Rhône-Alpes et Françoise Bousson, Conseillère Régionale