
L’idée d’un centre de design à St Etienne est bonne, les Verts la défendent depuis 1993. Elle correspond aux capacités historiques de création industrielle stéphanoise. Il faut donc la concrétiser dans de bonnes conditions. Mais sans le travail de redéfinition titanesque engagé par le Conseil Local de Développement, elle resterait un dossier de lancement trop maigre, 1 à 2 pages dans les cartons de St Etienne Métropole. A ce niveau, on peut saluer la performance de cette institution réclamée par les Verts depuis longtemps et que St Etienne Métropole aura mis bien du temps à mettre en route. L’un des acteurs principaux en a été remercié puisqu’il intègre maintenant l’équipe de salariés de la métropole.
La tache de la nouvelle responsable sera donc d’autant plus grande que St Etienne a perdu beaucoup de sa compétence design. Les écoles ne font pas tout, les designers sont en grande partie ailleurs, et nous ne savons pas quelle sera l’attitude des lyonnais, des parisiens, des nancéens,… Viendront-ils dans notre ville pour créer ?
La biennale du design retrouvera t’elle son contenu innovant qu’elle avait perdu dans sa dernière édition. La nouvelle responsable du centre de design devra redonner de la consistance notamment en travaillant, par exemple, sur design et écologie ou design et coopération internationale ?
L’avenir nous le dira, mais nous savons que St Etienne Métropole a une obligation de résultat, Et ce pour plusieurs raisons.
D’abord le budget global de l’opération. Les coûts de construction du bâtiment ont sans arrêt augmenté jusqu’à aujourd’hui pour un bâtiment finalement bien classique dans l’architecture actuelle. De plus les coûts de fonctionnement risque d’être énorme. Le chiffre de 7 millions d’Euros de fonctionnement annuel circule à St Etienne. Si le centre de design fonctionne et attire à St Etienne ce que d’autres villes font déjà, il faudra dire bravo. Mais si cela ne fonctionne pas, St Etienne Métropole aura gravement entamé son budget de fonctionnement pour une très longue période. Comment, par exemple, St Etienne Métropole rentabilisera le fonctionnement de l’amphithéâtre de 400 places de la cité du design alors qu’il existe déjà ceux de l’université et du palais des congrès et qu’un nouveau devrait être réalisé par St Etienne Métropole dans le cadre du projet Métrotech à St Jean Bonnefonds.
Ensuite parce que St Etienne Métropole a décidé pour ce projet de s’opposer frontalement avec sa population et à ses associations. Les associations ont fait un remarquable travail de présentation du projet aux stéphanois, elles ont aussi fait une démarche de proposition de repositionnement du projet.
Alors qu’à St Etienne, la majorité des stéphanois acceptent l’idée d’un centre de design et acceptent de ne plus en parler comme un nouveau machin vide. Alors qu’à St Etienne, la majorité de la population accepte enfin le choix de l’architecte en terme de forme. St Etienne Métropole s’entête à vouloir construire le centre de design en travers de la cour d’honneur de l’ancienne Manufacture d’Armes de St Etienne. Contre plus de 75% des stéphanois, l’intercommunalité et son président s’entêtent à vouloir casser le consensus et surtout entraver ce lieu de la mémoire collective stéphanoise. Alors qu’à quelques mètres de là une plateforme vide peut largement accueillir cette nouvelle construction.
Imposer un tel parti, c’est contrer inutilement l’opinion publique et tenter un pari susceptible de faire capoter le projet ; ce n’est plus du courage politique, c’est de l’inconséquence, voire de l’inconscience. Et nous avons tous en mémoire le bide cuisant de la Fête de la Ville, ces célèbres « transurbaines » qui ont coûté 2 200 000 Euros à Saint-Etienne, corps étranger à l’esprit des Stéphanois qui n’ont pu que l’ignorer ou la rejeter. La statue de Jean Jaurès peinte en jaune comme une insulte à la mémoire stéphanoise est encore là pour témoigner.
Olivier Longeon