
C’est prendre la juste mesure des changements à mettre en place que de s’assurer par l’apport de chacun de leur pertinence. Innover, anticiper demande l’adhésion éclairée de tous, si on veut réussir. Ce travail est indispensable et il est seul capable de permettre que nous atteignions un niveau de cohérence minimum pour être des interlocuteurs crédibles vis-à-vis de nos partenaires politiques. On gagne à s’entendre, où seuls, on se fait battre, sans stratégie, sans intelligence collective développée. Ce travail peut nous permettre de dégager nos priorités, de les circonstancier, et ensuite forts de nos argumentaires de les faire partager et accepter pour partie par nos partenaires des différents rendez-vous électoraux à venir. Bien sûr qu’il y aura des ajustements, entre nos souhaits et les leurs, cela devra se faire tout au long de débats francs et n’en doutons pas, féconds. Mais cela ne pourra se faire que dans le respect mutuel de nos sensibilités respectives, sachant qu’une co-construction demande de la conviction mais aussi un sens aigu de la réciprocité. En respectant ces deux principes nous bâtirons ensemble, société civile, partenaires politiques et associatifs, une perspective renouvelée que nous assumerons et qui donnera de l’espoir à un futur plus sympa.
Ce futur, du coup nous pourrons sans crainte y donner rendez vous à nos concitoyens. En étant à leur écoute et en en débattant avec eux nous nous y préparerons ensemble. Pas de dogme, pas de vision toute faite, servie clés en main, mais l’élaboration d’un demain plus humain, moins raide de trop de certitudes. On doit arrêter de donner des leçons on doit abandonner la posture « de ceux qui savent, eux… »Plus humbles mais déterminés, on pourra enfin compter. Compter en prenant part au débat d’où qu’il vienne à quelque niveau qu’il se situe. Un débat que j’oserai qualifier de territorialisé, d’adapté à la réalité et au enjeux locaux. Il faut abandonner d’urgence le prêt à penser, pour s’essayer à composer pour entrer dans l’action. S’opposer c’est confortable, il faut maintenant proposer et par étape aller vers de plus en plus d’exigences. Je ne suis pas en train d’abandonner notre corpus théorique, je vous propose juste de le frotter à la réalité du terrain telle qu’elle est perçue par le plus grand nombre de nos concitoyens. La troisième révolution industrielle décrite par Jérémy Rifkin prend ses marques chez nous. Il nous faut intégrer dans nos raisonnement ce qu’elle nous donne à voir et à entrevoir. Mieux affronter les défis du changement climatiques et le coût toujours plus élevé des énergies fossiles. Voilà la déclinaison vertueuse de la transition écologique et énergétique que nous appelons de nos vœux. L’efficacité énergétique encouragée et recherchée par une formation initiale des étudiants, des apprentis et une formation continue adaptée et innovante. Des entreprises encouragées à anticiper au plus tôt des réalités qui de toute façon s’imposeront à elles. Mais ici, dans la Loire, avec les moyens humains, techniques et financiers adaptés. Voilà une démarche cohérente qui mobilisera les Ligériens et n’hypothèquera pas l’avenir.
Demandons nous aussi s’il ne faut pas raisonner autrement qu’en termes strictement financiers, quantitatifs. « Le PIB mesure à peu près tout sauf ce qui rend la vie digne d’être vécue », cette citation de Robert Kennedy devrait nous inciter à regarder plus loin que la reconduction frileuse d’options déjà largement dépassées. Nous inciter à regarder au-delà des chiffres pour donner du sens à nos choix. En privilégiant les économies futures, en développant des procèss respectueux de l’environnement, en développant une réelle écologie industrielle en mobilisant pour ce faire les savoirs et les enthousiasmes de nos concitoyens nous nous inscrivons dans une logique de développement durable. Celle que nous avons partageons et qui assure la cohérence de nos prises de position. Il nous faut être conscient que l’écologie industrielle est en marche et que c’est sur elle qu’il faut s’appuyer si nous voulons devenir une alternative crédible à une droite cynique et à une gauche productiviste.
Si les contraintes climatiques, environnementales et sociales peuvent être à juste titre abordées avec quelques craintes, elles sont aussi autant d’opportunités. Des entreprises de notre département ne s’y sont pas trompées et elles développent avec bonheur depuis déjà pas mal d’année des stratégies de long terme qui viennent par les succès rencontrés conforter nos options. L’adoption par nombre d’entre elles de la norme ISO 26000, est significative à cet égard. Le mouvement laborieusement enclenché en ses débuts est en passe de prendre de l’ampleur. Et à l’épreuve des difficultés actuelles, aucun de ceux qui se sont engagés dans cette logique n’ont renoncé. Bien au contraire ils y voient tous des raisons d’espérer.
L’agriculture dans la Loire c’est une richesse de diversités et de savoir faire. Les terroirs sont fiers de leurs spécificités et sont du coup mieux armés pour résister à la normalisation aveugle que supposerait le recours aux OGM ou aux végétaux issue de la mutagenèse. En confortant et développant une agriculture de proximité par une politique foncière innovante, des actions spécifiques sur l’autonomie alimentaire du bétail, en encourageant les circuits courts, et la conversion au bio, on redonne un avenir et une légitimité à une activité agricole trop souvent décriée. Là encore le toujours plus a failli être fatal au mieux. Le qualitatif s’impose là aussi. Il est plébiscité par des consommateurs attentifs à la qualité de leur alimentation.
L’anticipation n’est plus seulement un genre cinématographique. C’est l’exercice nécessaire au quel on doit se livrer régulièrement si on veut prétendre à « gouverner ». Partager avec nos concitoyens une vision du futur c’est une manière d’essayer de sortir des difficultés actuelles par le haut et de manière durable. Au cœur des préoccupations partagées de notre avenir commun, l’adaptation au changement climatique, à la raréfaction des ressources naturelles, à de nouveaux modes de productions et de vie autant de mutations quoi nous questionnent. Le choix est posé, ou nous subissons ou nous innovons. Bientôt il ne sera plus temps que de gérer les conséquences de nos inconséquences si nous n’y prenons pas garde. Il est temps d’imaginer des réponses adaptées à un futur qui nous interpelle et nous demande de changer nos habituelles projections à l’identique.
Bien sûr que nous sommes adeptes du progrès mais pas de tous les progrès. Le progrès nous questionne il nous oblige à nous élever au dessus de ce qui est de l’ordre de la fatalité. On doit pouvoir choisir ce qui est bon pour nous, nos enfants et nos petits enfants. Il est de notre devoir de réorienter nos efforts vers une recherche dont la finalité ne soit pas conditionnée par le seul profit. Le profit ne doit plus être qu’économique il se doit aussi être de façon obligatoire, profondément humain. Enfin, et c’est là pas la moindre des exigences il nous faut veiller à ce que tout soit fait pour que cette nécessaire mutation se fasse avec la moindre casse sociale possible. D’où un programme renforcé pour la précarité énergétique, des parcours de formation tout au long de la vie, des aides à l’aménagement des habitations aux transports. Il faut que les plus vulnérables trouvent les moyens de ne pas être les oubliés de la nouvelle donne économique et sociale. Des pans entiers d’activités vont devoir se transformer, il faut les y aider. Investir dans les secteurs d’avenir en permettant au plus fragiles de vivre le moins douloureusement possible leur mutation nécessaire ce doit être notre engagement, sous peine d’échouer à relever le défi du futur.
Jean Duverger, groupe Europe Ecologie Les Verts du Forez