Lettre au préfet sur le permis de démolir de la Manu
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Olivier Longeon
Le Bourgogne
78 rue des Docteurs Charcot
42100 St Etienne
04 77 80 65 16

Monsieur MORIN
Préfet de la Loire

Préfecture
2 rue Charles De Gaulle
42000 Saint Etienne

Monsieur le Préfet,

Vos services étudient actuellement la demande de permis de démolir de 5 bâtiments sur le site de la Manufacture d’Armes de Saint Etienne. Je souhaite préalablement vous soumettre quelques questions sur cette éventuelle démolition.

La qualité architecturale du site actuel, témoin intact de l’architecture du second empire français, avec des espaces équilibrés, aérés, théâtralisés, ne vous aura pas échappé. La qualité du lieu, intéressant pour le développement de la ville de Saint Etienne, compte tenu de sa taille et de son horizontalité le long de la grand’rue vous aura saisi tout autant que moi.

L’émoi soulevé par le projet architectural de cité internationale du design qui détruit l’équilibre du lieu est historiquement important pour notre ville. La population locale et la société civile se sont mobilisées de manière exceptionnelle avec plus de 5 000 signatures au bas de pétitions, la création de sites internet dédiés qui enregistrent des milliers de connexion, la mobilisation des associations compétentes, des centaines de courriers émis à destination des administrations, des ministères, des médias, de l’architecte, de vos services, et même du président de la République, …

L’affaire de la destruction de ce lieu a défrayé la chronique dans la presse locale et nationale.

J’ai donc été surpris que vous preniez position dans le débat urbanistique en décidant d’illustrer le « Projet d’action stratégique de l’État dans la Loire » par ce dessin d’architectes qui suscite tant d’émois et pour lequel, sauf erreur de ma part, votre administration n’a pas répondu à un certain nombre de demandes.

Je souhaite donc vous soumettre mes interrogations juridiques à la veille de la signature de l’État sur l’éventuel permis de démolir.

* Selon mes informations, en 1997, puis en 2001, et enfin en 2004, les associations compétentes et dûment agréées ont demandé le classement de certaines parties de la MAS dont la grille, ou de la totalité du lieu. Or, ces demandes de classement ou d’inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, ne sont pas passées en Commission Régionale du Patrimoine et des Sites car le lieu n’aurait pas été accessible et que le propriétaire n’aurait pas donné son consentement. Or, depuis plusieurs mois et au moment de certaines de ces demandes, le lieu était propriété d’Epora, établissement sous tutelle de l’État, donc accessible par les administrations de la Culture. De plus, aucun appel n’a été formulé en Conseil d’État pour le classement d’office par vos services. Selon mes informations toujours, le Préfet de région aurait refusé d’inscrire à l’ordre du jour de plusieurs récentes CRPS, le classement ou l’inscription à l’inventaire supplémentaire du lieu, ce qui paraît entaché la suite de ce dossier d’un vice de forme. De plus, le Ministre de la Culture saisit par des associations et des individuels pour un classement d’urgence n’a pas répondu à leurs demandes.

* En juin 2004, la ville a déclassé après une enquête publique et un passage en conseil municipal, les Espaces Boisés Classés de la zone. Mais selon mes informations, toute la zone n’a pas été déclassée. Aujourd’hui, la partie encore en Espace Boisés Classés se voit menacée d’une destruction des arbres, des arbustes, c’est-à-dire des jardins, ainsi que d’une destruction de la ballustrade, et du déplacement de la grille monumentale ce qui entraînerait une construction dans l’Espace Boisé Classé. La Diren et vos services saisis sur le sujet de ces espaces boisés classés n’ont également pas répondu et la commission départementale des sites n’a pas été consultée.

* Selon mes informations, le monument aux morts serait déplacé, or il serait inaliénable, et je pense que le Souvenir français ne l’accepterait pas.

* Plusieurs associations ont saisi EPORA pour connaître la procédure qui a abouti à un appel d’offres pour la démolition du lieu et à un dépôt de permis de démolir. Toujours selon mes informations, EPORA ne leur a pas répondu, il est vrai qu’Epora n’est peut-être pas en pleine possession des compétences juridiques nécessaires à cette demande. De plus, j’ai l’impression que vous n’avez pu exprimer les interrogations posées aux administrations de l’État sur ce dossier par des associations agréées, devant le conseil d’administration de cet établissement public.

* Si le conseil syndical de St Etienne Métropole a voté le principe de la Cité Internationale du Design, plusieurs vices de formes viendraient contraindre ses décisions. Le nom de « Cité internationale » est en fait la propriété de la ville de Lyon et aucune demande d’utilisation n’a été formulée. Seul le jury a choisi le projet et la procédure ne me semble pas avoir respecter pleinement la recommandation de l’Unesco sur les concours internationaux d’architecture. Selon mes informations également, St Etienne Métropole a commandé la réalisation de sa cité internationale à l’architecte choisi, mais n’a pas dûment saisi EPORA pour lui demander de démolir ? J’avoue m’interroger d’ailleurs sur la compétence juridique du bureau de St Etienne Métropole pour engager la communauté d’agglomération dans un tel projet?

* Je suis surpris que le projet continue d’avancer sans qu’il n’y ait de recours à une enquête publique, compte-tenu du coût total de sa réalisation de plusieurs dizaines de millions d’Euro ?

* Le site et l’installation d’Ediacat ont été réalisés grâce à des aides à la reconversion des sites d’armement, peut-on aujourd’hui déplacer Ediacat ?

* Aujourd’hui la structure juridique nécessaire à la gestion de la cité internationale du design ne me paraît pas clairement définie.

Évidemment, conformément à la demande des associations agréées, des personnes compétentes ou non, de certains membres de la CRPS, d’élus locaux, … je pense qu’il serait plus simple de répondre à toutes ces interrogations dans la transparence et en consultant la CRPS, ce que Saint Etienne Métropole ne semble pas souhaité.

Dans l’attente de la réponse à ses questions, et en restant à votre totale disposition, je vous prie d’agréer, Monsieur Le Préfet, l’expression de ma grande considération.

Olivier Longeon

Conseiller Municipal de Saint Etienne
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