// Communiqué de presse des Verts Saint-Étienne // Lundi 23 Février 2009 //
La crise de l’hôpital stéphanois n’est que le symbole des attaques contre les services publics
En quelques années, l’hôpital stéphanois aura mis au chômage plus de 10% de son personnel (premier plan avec la suppression d’une centaine d’emplois et deuxième plan qui vient d’être voté). C’est un triste bilan pour le deuxième employeur de l’agglomération stéphanoise.
Les causes du déficit de l’hôpital stéphanois ne sont pas que locales mais aussi structurelles et consécutives des politiques régressives des services publics menées par la droite qui se préoccupe essentiellement de renforcer le pouvoir de gestion pour atteindre l’égalité tarifaire avec les cliniques privées commerciales prévue pour 2012.
Le nouveau mode de financement de la Tarification A l’Activité (T2A) est inadapté à la majeure partie de l’activité hospitalière, il impose le remboursement « à l’activité » à un taux fixé par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie inférieur au précédent. Réduire légèrement les actes pour certaines pathologies peut être envisagé, mais la logique comptable de la T2A est souvent en opposition avec l’intérêt publique, notamment avec l’intérêt des personnes âgées dont les périodes de rétablissement sont plus longues. Les médecins ont prêté le serment de soigner, pas de rentabiliser à n’importe quel prix leurs actes et refuseront d’expulser un malade pour équilibrer les comptes de la sécurité sociale. Rappelons qu’à Saint Étienne la moyenne d’âge est supérieure de 5 ans à celle des autres villes. La perspective de convergence entre le secteur public hospitalier et le secteur privé ne doit pas se faire principalement sur des critères de rentabilité financière, au détriment des malades « non rentables ».
Pour résorber le déficit le Conseil d’Administration de l’hôpital a donc décidé d’agir sur 2 leviers : la diminution des dépenses par le licenciement de 500 personnes et l’augmentation du chiffre d’affaire, sous-entendu des activités.
L’activité du CHU n’augmentera pas autant que certains l’espèrent. Les raisons sont multiples.
– L’objectif d’augmenter le chiffre d’affaire alors que la zone perd de la population paraît peu crédible et laisse craindre une accentuation du déficit.
– « Concurrence » d’hôpitaux périphériques gardant une activité importante, comme St Chamond et Firminy, qui ont notamment une grosse activité « obstétrique ». Les Verts souhaitent garder cette médecine de proximité.
– « Concurrence » du Centre Hospitalier Public de la Loire. Cette concurrence du secteur privé à but lucratif est une concurrence faussée, car les charges liées à la diversité des actions assurées pèsent sur les seuls établissements publics et les 4 700 agents de l’hôpital. Environ 700 pathologies différentes sont prises en charges à l’hôpital alors qu’une clinique privée n’en traite que 90 dans le meilleur des cas !
– Saturation du nouveau Pavillon d’Urgence à cause principalement du manque de personnel à tel point que l’on conseille aux malades d’aller à la Clinique du Parc afin d’éviter un séjour traumatisant au Pavillon d’Urgence. Hôpital Nord implanté dans un secteur saturé pour son trafic, et plaçant les urgences du Centre Hospitalier Privé de la Loire dans une situation de monopole pour le sud de l’agglomération. Les Verts avaient formulé cette critique au temps de l’implantation du CHPL.
Les Verts ne peuvent que noter le paradoxe consistant d’une part à affirmer la volonté de diminuer le déficit national de la sécurité sociale tout en contraignant les hôpitaux à augmenter leurs chiffres d’affaire. Ces politiques sont contradictoires et inconséquentes.
Le plan du Conseil d’Administration de l’hôpital comporte en outre quelques « oublis » porteurs des crises à venir.
– Aucun budget pour le déménagement du site de La Charité sur Bellevue qui devait être réalisé dans les 5 ans. Si ce déménagement avait lieu, nul ne sait comment trouver les fonds pour reconvertir les dizaines de milliers de mètres carrés libérés en pleine crise immobilière. Devant la lenteur de la reconversion du site hospitalier de St Jean Bonnefonds, chacun se demande comment ré-utiliser les autres sites qui de plus ont parfois une très forte valeur historique et où tout ne peux donc pas être fait à la « va-vite ».
– Mauvaise prise en compte de la dépendance du 4ème âge et des malades d’Alzheimer (sans même parler du manque criant de places en Etablissement d’Hébergement de Personnes Agées Dépendantes, EHPAD (co-responsabilité du conseil général, de la caisse primaire d’assurance maladie et de l’Etat).
– Pas de financement pour le Plan de Déplacement d’Entreprise quand il est de plus en plus difficile d’aller à l’hôpital Nord. Le personnel rejoint l’ancienne analyse des Verts : les stéphanois risquent de mourir dans les ambulances comme c’est déjà arrivé à Paris.
Refuser de voter le budget du CHRU, comme l’a fait la gauche, est un acte politique salutaire mais minimum. Les Verts demandent aux élus des collectivités de la Loire d’organiser une riposte collective en rejoignant l’initiative des maires-présidents des Centres Hospitalo-Universitaires de France qu’a lancé cet été le maire de Lyon.
Après le ticket modérateur et certains dé-remboursements qui induisent une sécurité sociale à deux vitesses, c’est bien de la remise en cause du principe de Solidarité au profit d’un système privatisé à but uniquement lucratif dont il s’agit. Médecine à deux vitesses aussi avec le développement d’activités privées au sein de l’hôpital. Les lois en débat ne rassurent pas les Verts, avec leur sénateur Jean Desessard, ils ont lancé une initiative nationale de recensement des dysfonctionnement de l’hôpital français pour les porter au débat parlementaire !
Les Verts ne perdent néanmoins pas de vue que ce n’est pas seulement l’hôpital qu’il faut réformer, c’est tout le système de santé qui doit changer de logique. La logique libérale de ce gouvernement prétend que la crise est purement économique et que la solution passe par la mise en œuvre des mécanismes de marché. Pour les Verts, la crise est avant tout sanitaire, car sa cause profonde est la croissance des maladies chroniques. Sortir de cette crise suppose de passer d’une logique de soin à un logique de santé. Il faut un grand débat dans le pays.
Pour les Verts Saint Etienne
Maurice Morel, secrétaire
Marie Berger, Olivier Longeon, Portes-parole