Action des Verts le 17 août 2000 sur le site du Devey, à Roche – la – Molière (42)
contre le projet d’incinérateur d’ordures ménagères
Le projet stéphanois
La communauté d’agglomération Saint Etienne-Métropole étudie la construction d’un incinérateur d’ordures ménagères sur la commune de Roche – la – Molière, au Devey, zone limitrophe de Saint Etienne et de l’Ondaine.
Malgré l’absence de transparence dans ce qui devrait être une démarche de service public, un mouvement large, poussé en particulier par l’association « Transparence » a déjà pu se faire pour appliquer à ce projet le test de Dracula : une fois à la lumière, il se désagrège. Une partie des élus de gauche commence à tempérer le discours initial. Mais les élus de droite feignent encore d’y voir la marque du progrès universel, de l’industrie salvatrice et du feu purificateur.
Comme pour le sang contaminé il y a dix ans, ou l’amiante aujourd’hui, demain nous attaquerons les élus coupables d’avoir refusé de savoir.
Il ne s’agit pas de refuser le projet chez nous pour le laisser s’implanter ailleurs, assaisonner de dioxine le lait de nos enfants ou des enfants des autres : il s’agit de réduire les déchets à la source, les recycler, ou les composter, en aucun cas les incinérer.
Pourquoi s’opposer à l’incinération ?
Un problème majeur de santé publique
Cette technique de diminution des déchets est fortement nocive pour la santé publique : production possible de poussières et fumées toxiques et cancérigènes (dioxines, furanes), et de résidus toxiques (mâchefers), par combinaison chimique des différents éléments à la « cuisson », en particulier les matières plastiques à base de chlore.
- les dioxines, qui se concentrent dans la chaine alimentaire, pour se stocker en particulier dans le lait (de vache et maternel) sont déjà trop présentes partout, dépassant les normes établies ;
- les mâchefers, recyclés sur les routes, une fois lessivés par les pluies, vont polluer les nappes phréatiques.
Ces éléments toxiques vont donc utiliser le corps humain comme décharge ultime, avec de nombreux problèmes de santé : cancers, stérilité, etc… La sécurité sanitaire est en jeu aujourd’hui dans ces aggressions diffuses, invisibles, mais quotidiennes.
Un mauvais choix économique
L’incinération ne réduit qu’à un tiers le volume des déchets. Trois tonnes de déchets bruts produiront donc une tonne de déchets hautement toxiques qui devront être enfouis dans une décharge de classe 1, telle que celle prévue à Sury le Comtal.
« Il n’y a pas de raison de faire précéder la mise en stockage d’une incinération »
(lettre de Mme Voynet à JP. Bayon, Conseiller Régional, 6/12/99)
Un incinérateur sera concurrent et contradictoire avec les vraies solutions d’avenir que sont le recyclage et le compostage, et non pas complémentaire comme certains veulent le faire croire. Une fois l’investissement fait dans l’incinérateur il sera financièrement impossible de faire autre chose (manque de fonds d’investissement). D’autant plus que cet « autre chose » diminuerait la quantité de déchets apportés à l’incinérateur d’où une diminution des recettes de fonctionnement.
Pour être rentable, cet incinérateur accueillerait les déchets de la Haute-Loire. Il est surprenant que les frontières entre régions administratives tombent lorsqu’il s’agit de polluer et de transporter. Les déchets doivent être gérés le plus en amont possible, soit près du lieu de collecte, et doivent être assumés par toutes les collectivités.
La logique économique de l’incinération implique une grande capacité, donc aussi un trafic de camion très important, ce qui aggrave encore l’écobilan.
Ce procédé est déjà contesté dans les pays les plus avancés (Europe du Nord) sur la protection de leur santé publique, et des procédés alternatifs commencent à voir le jour (méthanisation, par exemple) ; sans que nous puissions encore valider ces solutions, il est urgent d’attendre, quitte à remplir les décharges encore quelque temps.
Pour une autre politique des déchets, les propositions des Verts
1. Le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit.
- Il est nécessaire de pénaliser les circuits de distribution générateurs de déchets (mise sous emballages et suremballages dans les grandes surfaces) et de favoriser les commerçants, grossistes et détaillants, qui conservent une offre d’emballages raisonnable et proposent des produits en vrac. Les produits à usage unique devraient être limités.
- Une politique d’éducation à une consommation différente est nécessaire pour apprendre aux enfants « le geste qui sauve ».
2. La collecte séparative est un gisement à peine exploré.
- La déchetterie de l’Ondaine n’est pas encore opérationnelle.
- La double collecte (poubelle jaune) est loin d’être à plein régime. Nous préconisons une information massive et permanente, et une valorisation plus complète de cette poubelle : il y a trop de déchets que les particuliers sont invités à laisser dans la poubelle traditionnelle.
- Certaines villes en sont à trois ou quatre poubelles, comme Berlin… la différence entre ces communes et les nôtres tient à nos deux faiblesses : volonté publique et éducation des citoyens.
3. Traiter les déchets putrescibles et méthanisables.
Il est temps de réfléchir aussi à ce type de déchets, pour lesquels des solutions sont connues, et déjà en oeuvre ailleurs, tels que compostage, et méthanisation.
Pour un pôle économique de la gestion des déchets dans l’Ondaine
Les Verts proposent de mettre le turbo sur ces questions de déchets. Saint Etienne-Métropole pourrait créer un pôle économique de la gestion des déchets dans l’Ondaine, s’appuyant sur les premiers efforts entrepris (amélioration du Pâteux – CET de Borde-Matin – , déchetterie et centre de tri à Firminy, projet d’entreprise de recyclage d’électro-ménager, …).