A89 : les conclusions préconisent une liaison entre l’A 6 et l’A 46
Partisans et opposants à l’A89 trouvent chacun des arguments dans les conclusions de la commission d’enquête d’utilité publique.
C’est un rapport d’enquête d’utilité publique de 228 pages que les commissaires ont rendu sur le projet d’autoroute A89 entre Balbigny (Loire) et La Tour de Salvagny (Rhône). Si l’ensemble n’a pas encore été dévoilé, mais sera disponible sous peu sur tous les lieux où s’est déroulée l’enquête, il nous a été possible de nous procurer les conclusions des commissaires enquêteurs.
La commission reconnaît donc l’utilité publique du projet (notre édition d’hier) en tant que tronçon de la transversale Bordeaux-Lyon. Elle donne pareillement un avis favorable au tracé choisi, « en souhaitant toutefois que les recommandations formulées dans le présent rapport soient suivies d’effets ». Ces recommandations, les aménagements locaux, il faudra donc attendre quelques jours avant de les connaître.
« Il faut compléter
le dispositif »
C’est par contre sur la partie finale, bref à partir de La Tour de Salvagny, que la commission a le plus développé ses conclusions. Elle estime ainsi que « le branchement de l’A89 sur la N7 à La Tour de Salvagny, tel qu’il est présenté dans le projet, n’est manifestement pas une solution satisfaisante et cela pour plusieurs raisons. L’A89 va accroître la densité de la circulation à partie de la Tour. Elle va aussi accroître les nuisances de la N7. L’impact de l’accroissement de circulation sur les nuisances supportées par les agglomérations de Lentilly, la Tour de Salvagny, Charbonnières et tassin entre autres n’a pas fait l’objet d’une évaluation dans le dossier ».
La commission pointe également du doigt l’absence de renseignements sur l’aménagement des voiries existantes, le financement et les échéances, mais aussi la non-coordination du calendrier de l’enquête d’utilité publique de l’A89 et du débat d’opportunité du Contourement Ouest de Lyon. « N’a-t-on pas anticipé sa conclusion? » interroge-t-elle. « Pourquoi avoir fait l’impasse? ». Elle estime par ailleurs que « pour être crédible, l’89 doit pouvoir se passer du COL ».
Pour elle, « une liaison A6 – A46 compléterait le dispositif en permettant l’accès à l’Est et pourrait contribuer à offrir une alternative à la circulation Sud Est – Nord Ouest qui transite actuellement par Fourvière si cette jonction est suffisamment proche de la ville ». La commission « recommande fortement cette liaison ».
Au final, les commissaires annoncent qu’ils ne « peuvent pas se satisfaire du manque de solution proposé dans le projet sur ce sujet ». Ils émettent donc une réserve. « Le raccordement de l’A89 devra se faire sur l’autoroute A6 par des voiries ayant les caractéristiques d’un aménagement autoroutier. La date de mise en service de l’A89 et celle de son raccordement sur l’A6 devront être concommittantes ».
Bref, les opposants et les partisans du projet trouveront chacun du grain à moudre dans ces conclusions. Les partisans, car elles reconnaissent l’utilité publique du projet, les opposants car elles dénoncent la politique de l’autruche menée par l’État quant à d’éventuels raccordements.
le progrès du 21 décembre 2001
F. GUTTIN-LOMBARD