Engagé depuis vingt-cinq ans dans le combat pour l’écologie, j’ai été actif aussi bien dans les mouvements étudiants, dans la solidarité internationale que dans les ONG. Je suis entré en politique en rejoignant l’aventure Europe Ecologie en 2009 : le reste de l’histoire s’écrit désormais avec vous !
Mon premier engagement : contre la loi Devaquet, justice pour Malik Oussekine
En 1986 j’ai 19 ans. Ma génération connaît son séisme politique : le projet de loi Devaquet, qui me fait vivre mon premier engagement au sein d’une organisation étudiante. Jacques Chirac, Premier Ministre, veut imposer la sélection des étudiants et la mise en concurrence des universités. Nous sommes des centaines de milliers à manifester contre ce projet, contre la droite et les méthodes féroces de son ministre de l’intérieur, Charles Pasqua. Je suis alors en licence à Paris-Dauphine, et je participe à la création d’une nouvelle organisation étudiante contre la loi Devaquet, la « Déferlante » : inspirés par une deuxième gauche qui se découvrirait aussi libertaire et festive, on invite autant des humoristes comme Bedos et Desproges que des « patrons de gauche » comme Schweitzer, on organise des tremplins rock et on siège en tant qu’élus dans les instances universitaires.
Cette contestation a pris un cruel tournant avec la mort de Malik Oussékine, 22 ans, jeune manifestant pris au piège et battu à mort par la police dans une entrée d’immeuble du quartier latin. Malik portait sur lui une carte de Paris Dauphine Sports. L’UNEF-ID m’appelle : « Malik était de chez vous, il faut organiser la manif, c’est à vous de jouer ». Dans ma chambre de bonne, je trace le parcours du cortège qui doit passer devant l’hôpital Cochin où il repose. Le jour de la manifestation, nous sommes un million à défiler en silence. Il ne s’agit alors plus seulement de lutter contre la réforme stupide de notre système universitaire, mais de dire à la France qu’elle doit prendre soin de tous ses enfants, sans exception.
Voyages en Françafrique
Dans mes études, je me spécialise sur l’économie internationale, travaillant notamment sur les stratégies des agriculteurs africains face aux prix. Il est urgent d’aller à leur rencontre : après la place Tien An Men où j’assiste aux prémices de la révolution qui fut écrasée dans le sang, l’Afrique est ma première destination pour un séjour de longue durée.
Je vais au Burkina Faso pour ma « coopération », ce service militaire transformé en action d’aide au développement. Blaise Compaoré dirige alors le pays après l’assassinat du révolutionnaire Thomas Sankara : c’est la « rectification ». Économiquement, le pays se lance dans la négociation avec le FMI et la Banque mondiale de son premier programme d’ajustement structurel.
Je me passionne pour la lutte institutionnelle contre l’absurdité et la radicalité libérale des institutions de Bretton Woods. La coopération française y joue ses dernières cartes, entre coopération sincère et françafrique obsolète, solidarité et paternalisme, africanisme et cynisme diplomatique.
C’est au Gabon que j’observe cette réalité au plus près. Je pars au nom du Ministère de la Coopération en 1992, et reviens avec un rapport implacable sur les relations incestueuses et financières entre la Compagnie Forestière du Gabon en cours de privatisation, le géant français du bois François Pinault, son ami Chirac, le RPR, et leur bon camarade à tous, Omar Bongo. Mon rapport à peine remis, mon chef me convoque dans son bureau et exige que je lui remette toutes les copies existantes de ce rapport. « Tout cela n’existe pas », me signifie-t-il : ces enjeux nous dépassent tous les deux totalement.
Je réalise combien l’État, depuis longtemps aux mains des partis politiques, est aussi compromis avec les grands groupes industriels : les ressources naturelles africaines financent nos partis politiques pendant que nos impôts financent leurs écoles. Pour les interventions de la France dans ce qui fut son empire colonial, la priorité, avant même d’aider, est d’abord de cesser de nuire.
Au Bangladesh, redonner du pouvoir à la population
Au Bangladesh en 1993 et 1994, je suis confronté à l’enjeu de l’extrême pauvreté. Le pays bénéficie d’un soutien très important de la communauté internationale : représentant plus de deux fois la population de la France pour un quart de sa surface, il est à moitié inondé chaque année !
La vie des habitants y dépend d’écosystèmes vulnérables et de conditions naturelles parfois dramatiques. À Dacca, les immenses bidonvilles sont omniprésents. L’aide aux plus démunis est portée par des ONG puissantes qui se substituent à un État corrompu. Mal inspiré par Jacques Attali, le président Mitterrand a lancé un vaste programme d’endiguement des grands fleuves qui permet à des centaines de consultants occidentaux et de fonctionnaires bangladais de s’enrichir tranquillement, alors qu’aucune digue ne verra jamais le jour.
Je suis chargé du soutien aux ONG bangladaises pour la communauté européennes. Elles développent notamment des programmes massifs d’épargne-crédit auprès des femmes pauvres : la rapidité avec laquelle les bénéficiaires de ces projets prennent en main leur destin et développent leur capacité à défendre leurs droits est remarquable ! La solidarité internationale prend alors tout son sens : pas de développement sans démocratie, et pas de démocratie sans capacité des citoyens à l’exercer.
Ces années dans le Sahel et le golfe du Bengale me font toucher du doigt la relation intime et fragile que les sociétés entretiennent avec leur environnement, et combien un modèle de développement peut être destructeur. « Ils ne pouvaient donc imaginer à quel point la défense d’une marge humaine assez grande et généreuse pour contenir même les géants pachydermes pouvait être la seule cause digne d’une civilisation » : Romain Gary et son livre Les Racines du Ciel m’accompagne alors dans tous mes voyages.
Entrée dans le combat politique
Il devient alors nécessaire pour moi de sortir de la seule intervention de coopération ou d’aide humanitaire : il me faut entrer dans le combat politique, non pas dans un parti, mais dans le rapport de force qui plombe continuellement les pays « tiers » dans leurs politiques commerciales, sociales ou environnementales.
J’intègre en 1995 l’ONG Solagral, qui travaille en particulier sur les enjeux de l’alimentation et de l’environnement. Son mandat : renforcer les capacités des acteurs à défendre leurs intérêts, en particulier les organisations paysannes, les ONG et les gouvernements des pays du Sud. L’Organisation Mondiale du Commerce, qui fait de la planète un vaste terrain de jeu commercial livré à l’appétit des grandes entreprises, vient d’être créée : Solagral est au cœur des réflexions et des mobilisations d’une contestation qui devient peu à peu mondiale.
Je participe ainsi à chaque contre-sommet de l’OMC et aux forums sociaux mondiaux qui, entre Seattle, Porto Alegre et Doha, vont rythmer la vie politique d’une société civile rassemblée autour d’un même slogan : un autre monde est possible ! En 1998, la victoire contre l’Accord Multilatéral sur l’Investissement, conçu par les membres de l’OCDE au profit des firmes, marque le lancement d’un nouveau contre-pouvoir citoyen. Elle sera suivie d’une autre victoire à Seattle, avec l’échec de la conférence de l’OMC censée acter la marchandisation du monde. Le premier forum social mondial voit le jour dans la foulée à Porto Alegre et s’impose comme l’alternative au forum de Davos : les forces citoyennes contre les puissances de l’argent. Nous sommes animés par un sens profond de nos responsabilités et un immense enthousiasme.
Pour qu’un autre monde soit possible, il faut commencer par poser les bonnes questions. En 1999 à Seattle, face aux caméras du monde entier, un paysan français arbore fièrement sa pipe et son Roquefort : José Bové explique avec force que le destin du monde et de nos conditions de vie ne peuvent se décider dans un salon, entre quelques dirigeants nationaux prêts à abdiquer leurs souverainetés aux seuls marchés. Tout est dit : qu’est-ce qu’on produit ? Comment ? Pour qui ?
De l’altermondialisme aux écologistes
Ces questions sont au cœur de la campagne de Noël Mamère en 2002 : c’est la première fois que je me joins à la politique nationale. Encarté chez les Verts depuis les Européennes de 1999 et la campagne de Dany Cohn-Bendit, je travaille à faire le lien avec les mouvements altermondialistes. Au retour de la conférence de l’OMC à Doha, je convainc José Bové, que j’ai rencontré quelques années auparavant aux côtés du Mouvement des Sans Terre au Brésil, et son complice François Dufour, vice-président d’ATTAC, d’apporter leur soutien aux Verts et à Noël Mamère. Ce sera chose faite lorsque nous nous retrouverons au deuxième forum social de Porto Alegre.
Ce soutien de José Bové à Noël Mamère symbolise parfaitement le changement politique en cours : une démocratie à bout de souffle se trouve désormais interpelée par la société civile sur les grands défis planétaires. La clé du score de Noël Mamère, qui reste le meilleur score des écologistes lors d’une élection présidentielle, se trouve aussi dans cette passerelle entre mouvement social et parti politique.
Avec Greenpeace, des actions et des victoires
Quand Bruno Rebelle me propose de rejoindre Greenpeace, je connais déjà l’organisation, très présente dans les collectifs contre les OGM et dans les négociations internationales. Pourtant, ce sont des images qui me viennent d’abord à l’esprit : cette affiche de baleine dans ma chambre d’enfant, les zodiacs qui tentent d’empêcher l’immersion de fûts toxiques et radioactifs, l’attentat de l’État français contre le Rainbow Warrior, l’engagement physique et la conviction des militants, la confrontation toujours pacifique avec les pollueurs. Bref, un mythe ! Et je ne vais pas être déçu…
Dès mon arrivée, je me retrouve accroché à l’ancre d’un navire que vient d’aborder l’équipage du Rainbow Warrior II au large de Sète. Ce navire veut débarquer du bois du Libéria dont l’exploitation détruit la forêt et finance la guerre civile en Sierra Leone. Sous la pression de Greenpeace, Chirac change la position de la France au Conseil de sécurité de l’ONU et valide enfin l’embargo sur ce bois de guerre.
Plus tard, accompagné d’une flottille citoyenne en rade de Brest, je pénètre en zodiac dans la base de sous-marins nucléaires de l’Île Longue pour dénoncer l’illégalité du programme d’armement nucléaire français au regard du Traité de Non-Prolifération : adrénaline garantie !
Pendant sept ans, les expériences sont nombreuses : j’en retiens quelques moments forts, comme l’alliance avec la CGT pour protéger la santé au travail et l’environnement dans la réforme de la chimie européenne, ou la lutte contre l’exportation de l’épave amiantée du Clémenceau vers l’Inde et ses chantiers de démantèlement (où les ouvriers sont exposés sans protection aux pires saloperies toxiques). Cette mobilisation est mondiale : elle réunit les collectifs anti-amiante (Ban Asbestos, Andeva, Jussieu), la FIDH et des syndicats, en France comme en Inde, dénonçant l’indignité de l’État français qui sacrifie la vie d’ouvriers indiens. Nous subissons tous alors les pressions du Ministère de la Défense et les mensonges grossiers répétés par sa ministre, Michèle Alliot-Marie. Les actions de Greenpeace, les recours juridiques et la mobilisation citoyenne contraignent finalement Chirac à stopper cette course folle et à faire revenir le Clémenceau.
C’est aussi à cette période qu’EDF pirate mon ordinateur pour connaître les actions de Greenpeace contre le nucléaire : en 2011, un de ses cadres sera condamné.
2007 : l’environnement percute la politique
Quand arrive la campagne présidentielle de 2007, pas question que l’environnement passe une nouvelle fois à la trappe. L’Alliance pour la Planète et ses 80 associations membres naît à l’initiative du WWF. Daniel Richard, son président et moi en sommes porte-paroles. Nous présentons des propositions et notons avec sévérité les programmes des candidats.
Nicolas Sarkozy reprend notre proposition de Grenelle de l’environnement : les quatre mois de négociation sont intenses. Le mouvement environnemental fait la démonstration de la crédibilité de ses propositions et de nouveaux partenariats sont créés avec les syndicats, les collectivités et les PME. Si les décisions actées en octobre 2007 ouvrent d’intéressantes perspectives, tout le monde connaît hélas la suite : la majorité UMP, les lobbys et la technocratie administrative feront de cette tentative de démocratie environnementale du petit bois.
Au Parlement Européen
Il est désormais temps de booster l’écologie politique, en passant par l’Europe. Au printemps 2008, Jean-Paul Besset et Pascal Durand me proposent de tenter l’aventure Europe Écologie avec Dany Cohn-Bendit. Ma réponse est immédiate : OUI !
C’est ainsi que j’ai été élu député européen en 2009, année où avec plus de 16 % les écologistes ont réalisé le score le plus important de leur histoire.
Mon activité de député européen est aujourd’hui dense et riche. Vous pouvez retrouver mes combats sur mon site de député du Grand Ouest au Parlement européen. Je coordonne actuellement, pour le Groupe des Verts, les campagnes climat, Tafta/Ceta et pêche en eaux profondes qui s’est conclue par une victoire.
Pour rejoindre le site de campagne, c’est ici : http://avecjadot.fr