Ce lundi 15 décembre, le Conseil Départemental de la Loire étudiait une nouvelle délibération pour le financement du déficit abyssal de l’A45. Marie-Michelle Vialleton, conseillère départementale Europe Ecologie Les Verts, s’est vue refuser son intervention par le président du conseil général. Pour ce dernier, elle ne parlait pas assez du financement, et trop de l’utilité du projet.
Mesdames et messieurs les conseillers départementaux,
Alors que la Conférence des nations sur les changements climatiques, COP21, vient de se terminer et que l’on y a vu les Etats ainsi que les collectivités du monde entier se réunir pour lutter contre le dérèglement climatique, nous dans notre département de la Loire, nous sommes en train de délibérer pour la construction d’une autoroute.
Si l’A45 était construite, cela entrainerait une surconsommation de carburant avec bien sûr une production accrue de CO2, ainsi que des particules fines. Ces pollutions ont des impacts de plus en plus graves pour la santé : ce n’est pas pour rien que les grandes collectivités font le choix de mesures de circulation alternée ou de limitation de vitesse des véhicules afin d’en limiter les dégâts.
On sait également que la période de construction d’une autoroute est un moment de grande mise en danger pour la biodiversité : en effet, malgré la capacité de résilience de la nature, certaines espèces d’animaux ou de végétaux peuvent être amenés à disparaitre et ce d’autant plus si la durée de ces travaux tire en longueur ce qui risque d’être le cas compte tenu de la technicité des ouvrages à réaliser.
Quel écologiste pourrait souhaiter cela ?
Parlons d’agriculture : L’agriculture n’est pas un vecteur de pollution, c’est la façon dont on la pratique qui peut amener à des situations graves tant pour les agriculteurs eux-mêmes que pour les consommateurs. Aussi ne vous étonnez pas qu’une écologiste, prenne la défense de l’agriculture.
Il est impératif pour la bonne santé des ligériens d’avoir une agriculture péri-urbaine, voir locale de qualité. Comment cela pourrait-il se faire si les surfaces agricoles diminuent d’année en année ? Regardons comment l’A89 a impacté le nord du département : pour 300 ha d’emprise directe, on apprend qu’en fait ce sont 3 800 ha de terrain qui ont été réaménagés dont 1 300 ha de terres agricoles. Pour l’A45, le parcours prévoit 30 km sur le département de la Loire avec 240 ha d’emprise directe. Alors, avec ce projet, combien la Loire va-t-elle encore perdre de terres agricoles ?
Eh bien, Mesdames et Messieurs, nous ne le savons pas. En effet dans l’enquête publique la problématique des péages n’est pas résolue. On ne peut pas savoir si cette autoroute sera en système ouvert ou fermé. On ne sait pas si la construction de gare de péage intermédiaire sera nécessaire ou pas. On ne sait pas de quelle façon l’A45 pourra se connecter sur Lyon. Dans la DUP, Déclaration d’utilité publique, l’étude des péages porte la date de 2005 c’est-à-dire d’il y a 10 ans et il y est dit que rien ne peut être étudié tant que les solutions d’entrée et de sortie ne sont pas trouvées ! Rien n’a avancé sur le chiffrage réel de ce projet.
On n’a donc pas connaissance de l’emprise foncière exacte aujourd’hui, jour du vote sur un engagement du département à une répartition maximale à 25% soit 211 millions d’euros.
Chacun d’entre vous, qui connaissez bien ce département, sait que la vallée du Gier a un trésor : c’est son arboriculture. Et d’ailleurs la déclaration d’utilité publique de l’A45 comporte une étude particulière à ce sujet.
Les risques de ce projet mis en avant par la DUP sont :
– La déstructuration et l’allongement des parcours potentiels ;
– L’ombre portée des ouvrages d’art ;
– L’emprise sur des ilots stratégiques ;
– L’atteinte au potentiel économique d’exploitations souvent petites ;
– La perturbation d’une irrigation artisanale mais nécessaire ;
– L’augmentation de la pression foncière.
Ce ne seront pas moins de 46% des vergers qui seront perturbés.
Face à cela, la chambre d’agriculture propose quelques solutions :
– la mise en place d’une marque pour améliorer la vente mais si la production est en chute libre la vente ne sera plus un problème ;
– ou bien la mise en place d’une agriculture raisonnée mais certains sont déjà passés en Bio.
Et elle déclare « A ce jour (en 2005), il n’est pas possible d’évaluer vers quelles orientations les arboriculteurs du Jarez souhaiteraient se tourner se tourner »
Et bien je pense pouvoir répondre pour eux, qu’ils souhaitent tout simplement continuer leur travail sans l’autoroute A45.
Concernant le transport, les écologistes ont été entendus et ont participés durant les deux derniers mandats de la Région, au développement des transports ferroviaires, particulièrement sur les TER Lyon Saint-Etienne et sur les bassins de vie voisins. Souhaitons que la nouvelle mandature ne détruise pas tous ces points acquis. Un projet de tram fret est à l’étude, ce sont les solutions qui permettent d’éviter ces projets d’un autre temps.
On pourrait aborder d’autres sujets tels que l’impact sur la filière forestière, sur le parc du Pilat, sur le patrimoine culturel en particulier en matière de fouille archéologique comme par exemple sur la période Gallo-romaine très riche à cet endroit.
Mais revenons au temps présent et même abordons le futur.
Une nouvelle loi est en train de se mettre en place : la loi Notre qui, vous le savez, réforme le champ de compétence des collectivités territoriales. Le Département est recentré sur les compétences sociales et la Région sur l’aménagement du territoire.
Vous souhaitez, Monsieur le président, que le Département prenne à sa charge le financement de cette autoroute à hauteur de 211 millions d’euros, au risque de mettre en cause la pérennité de sa situation financière en faisant fi de ses réels objectifs qui sont les compétences sociales ?
Comment pourrons-nous y arriver : soit nous entamerons notre capacité à financer nos vraies compétences, soit nous devront augmenter la taxe foncière jusqu’à 8% !
Il n’est pas honnête, vis-à-vis des citoyens ligériens, de nous engager dans une telle impasse !
Dans ces conditions, Monsieur le président, je voterai non à chacune des questions de cette délibération.