Saint-Étienne recalé par la French Tech ? // Tribune Sainté Mag // Décembre 2014
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St-Étienne n’a pas été retenue à la labellisation French Tech. Nous aurions préféré emporter ce label, cet échec doit nous servir d’enseignement.

Saint-Étienne a perdu peut être aussi parce qu’elle poursuit une politique dépassée qui voudrait sacrifier les enjeux planétaires sur l’autel des intérêts locaux. S’accrocher à l’A45 comme un condamné à mort s’accrocherait à la corde qui va le pendre n’est pas la bonne solution. Ce projet est un projet nuisible, un projet qui va vampiriser ce qui reste de vigueur dans la région stéphanoise.

Une autoroute entre deux villes, vide la plus petite au profit de la plus importante. L’A45 accélèrera la transformation de St-Étienne en banlieue dortoir de Lyon.

L’A45 va amplifier l’affaiblissement économique de la ville, et le déplacement de l’activité vers la plaine du Forez.

Construire une infrastructure routière alors que la raréfaction annoncée du pétrole et l’accroissement du prix de la l’énergie vont rendre les transports routiers bien plus chers, c’est tout à la fois antisocial mais aussi anti-économique.

L’A45 est le symptôme d’une absence de vision de l’avenir. Une autre politique est possible. L’avenir économique doit s’inscrire dans la lutte contre le réchauffement climatique et la transition vers un avenir soutenable.

St-Étienne a des sérieux atouts pour basculer dans le 21ème siècle. L’essentiel est de comprendre comment une politique publique entrainera le dynamisme économique du territoire.

Les techniques nécessaires à la limitation des consommations énergétiques et des émissions de Gaz à Effet de Serre, en particulier dans le bâtiment, vont redonner une place importante au savoir-faire ouvrier qui a fait la force de la région stéphanoise. Les collectivités peuvent jouer une rôle moteur tant par l’investissement sur leur patrimoine propre que par les opérations de restructuration urbaine.

La plupart des villes du monde redonnent une place importante au vélo dans les déplacements urbains. Or, la gamme de vélos adaptés aux usages urbains est assez faible aujourd’hui. Cela devrait nous donner des idées dans une ville où la tradition cycliste est forte et se tourne aujourd’hui vers le design.

Le secteur des cleantecs et des éco-entreprises connaît un fort développement. La présence d’établissements d’enseignement comme l’Ecole des Mines pourrait permettre de structurer et de faire décoller la filière.

Ce sont les politiques que nous voulons mettre en œuvre. La capacité à construire un développement urbain local soutenable sera un facteur clé pour les territoires engagés dans la compétition économique mondiale. Il ne faut pas que St-Étienne prenne le train à rebours !

Il est temps pour Saint-Etienne de rejoindre le peloton des villes européennes et mondiales qui innovent et inventent les solutions qui permettront un développement humain supportable par la planète.

Olivier Longeon et Stéphanie Moreau, conseillers municipaux de Saint-Étienne