Développement numérique, Rhône-Alpes région connectée // Intervention au conseil Régional Rhône-Alpes // 20 Février 2014
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L’économie du 20ème siècle avait besoin de matières premières, de pétrole et d’autoroutes. Beaucoup de nos territoires, comme le Diois, les Bauges ou même le Pilat, en étaient exclus. Dans l’économie du 21ème, la valeur ajoutée vient de la créativité, de l’innovation et de la coopération et des échanges favorisés par les réseaux numériques, et aussi de la connaissance.

Elle s’appuie sur l’informatique et les réseaux à très haut débit.
Sans oublier que l’activité naît aussi largement de la recherche de la qualité : l’agriculture bio, l’éco-construction, les énergies renouvelables, l’artisanat, la culture, la cosmétique bio, la création, la vie associative …

Aujourd’hui, nous délibérons sur l’intervention régionale en faveur du numérique :
– le déploiement du réseau fibre
– et la diffusion des usages.
Le choix technologique est le bon.

Le numérique n’est pas que des tuyaux et des contenus, mais aussi les outils de la Nouvelle Manufacture Industrielle, celle qui s’invente à la Cité du Design de Saint-Étienne.
Grâce à nos ordinateurs et nos téléphones portables, nous sommes connectés en tout lieu. Nous participons aux réseaux sociaux …

Certains développent une dépendance, d’autre une pensée critique. Certains travaillent, développent leur entreprise sur le net, d’autres militent.

Le numérique est un outil, comme la plume ou le stylo, permettant aussi bien le meilleur et les plus grandes œuvres que la basse mesquinerie du délateur zélé des dictatures.

Quand le numérique permet le télétravail et qu’il permet de supprimer des déplacements domicile-travail contraints c’est un gain. Quand il est utilisé pour supprimer des emplois de soignants dans le milieu médical, c’est une perte.

Il faut rester vigilants pour maintenir le cap. L’objectif est d’aller vers une société où la citoyenneté, l’épanouissement et l’échange humain sont les clés.

Une société où les outils dont nous disposons ont une finalité : construire un monde plus solidaire et écologique en optimisant les déplacements, en limitant la consommation et la prédation des ressources, en partageant les richesses…

Avec le numérique, l’humanité peut certes dériver vers Big Brother. C’est pourquoi nous préférons imaginer que grâce à lui nous construisons l’humanité de demain.

Comme le dit, mieux que moi, le philosophe Bernard Stiegler, nous sortons du modèle fordiste pour entrer dans le modèle contributif. Avec internet, nous pouvons nous auto-construire, découvrir le monde et construire de nouveaux échanges.
Un modèle où chacun puisse avancer à sa vitesse.

Nous pouvons inventer un monde viable et désirable, c’est la troisième révolution industrielle développée par Jérémy Rifkin que la Région Nord Pas de Calais a fort justement décidé d’approfondir.

Nous devons aller vers une société où la citoyenneté, l’épanouissement et l’échange humain sont les clés et, les technologies seront à leur service.

Instantanément nous suivons l’actualité : nous avons vu les printemps arabes, nous le voyons tous les jours en regardant en direct les images des ukrainiens.

Le numérique peut nous permettre aussi de dynamiser les solidarités. Naguère, chaque immeuble de nos villes abritaient un artisan différent. Dès que l’un d’entre eux avaient une activité urgente, une charrette ou un camion à décharger, les autres lui prêtaient main forte. Une idée venait à l’un qu’elle servait à l’autre.

Le numérique peut participer à cette solidarité au travers des open-factories ou de fab-lab comme ils en existent déjà.

Nous avons tous vu l’exemple de cet enfant qui a perdu son bras et dont les parents n’avaient pas les moyens de lui acheter une prothèse haut de gamme. Un réseau de chercheurs a pourtant inventé celle-ci depuis les 4 coins des Etats Unis. Ils ont envoyé une somme de logiciels aux parents qui ont permis à ceux ci, grâce et une imprimante de 3D, de construire une prothèse pour une somme 10 fois moindre que celle demandée par les grandes industries de la santé.

Cette révolution technologique de l’impression 3D d’ores et déjà accessible à moins de 5 000 euros. Elle pourrait révolutionner notre consommation et notre utilisation des ressources, en partageant les richesses …

Pour Rhône-Alpes, le choix de la fibre est le bon car les limites de la montée en débit sont connues. Il n’y a qu’à voir les limites de la téléphonie portable au conseil régional. La fibre offre une vitesse de transmission des données qui est celle de la lumière. Elle se décline dans un matériau sanitairement neutre, familier et facilement réparable : le verre. Le faire c’est bien ! En verre c’est mieux.
Notre groupe approuve donc cette délibération même s’il reste pour nous la question de l’intervention publique.

Le réseau numérique n’est pas un bien commun aussi essentiel à la vie que l’accès à l’eau, à une alimentation saine, à un toit. Mais il est à rapprocher des sauts, non seulement technologiques mais aussi sociétaux, qu’ont permis la diffusion de l’électricité et du téléphone. On aurait donc légitimement pu attendre de l’Etat la même approche que pour ces autres réseaux.

Il participe en effet à l’aménagement du territoire, à la présence d’entreprises sur l’ensemble de ce dernier, à la solidarité inter-territoriale et mondiale.

Ce serait une erreur manifeste de traiter le réseau numérique comme un bien marchand, un marché comme les autres. De confier le déploiement à des opérateurs privés plus occupés par leurs gains que par l’intérêt général.

Le modèle économique des opérateurs n’est pas le bon. Rater le coche parce que le cadre national est inadapté serait dramatique pour nos territoires (avec une privatisation des recettes et une socialisation des pertes via l’abandon du déploiement aux opérateurs privés, la mise en place de zones exclusives d’investissement privé mais pas des zones d’investissement public, etc, …).

La région fera sa part, elle veillera au maillage complet du territoire, à la péréquation autant que possible, elle cofinancera les réseaux d’initiative publique.

Nous voterons cette délibération avec 2 demandes.
– La première s’est traduite par un amendement : Les modalités techniques sont des choix politiques. Le cahier d’exigences régional devra valider les scénarios retenus quant à l’ingénierie financière, toujours en cours de réflexion. Il intègre également des précisions complémentaires sur les critères d’éligibilité et de modulation de l’aide régionale. De ce fait, il est nécessaire de les valider en Assemblée plénière.
– La seconde est, que le conseil régional, reste vigilant quant à la protection des libertés et données personnelles lors du développement et de la mise en place d’outils numériques par la région ou ses partenaires. Nous refusons le mode d’écoutes mondiales de la NSA et préférons une société basée sur la confiance et le partage.