// Jean-Philippe Bayon est le vice-président Coopération Décentralisée de la région Rhône-Alpes //
Premier constat : Rhône-Alpes, une région ouverte sur le monde
La région Rhône-Alpes se distingue par deux caractéristiques majeures :
En France, elle est la seconde région économique et démographique après l’Île-de-France. En Europe, elle intègre les données d’un État : même superficie que la Suisse et population égale à celle de la Finlande.
Ces données sont issues d’un héritage historique : carrefour des hommes et des marchandises depuis des millénaires, notre région est ouverte sur le monde, elle s’est construite et enrichie sur ce concept. Dès la fin des glaciations, Rhône-Alpes a offert ses vallées, ses fleuves aux hommes en quête d’espaces. Plus tard, la capitale des Gaules accueillera une trentaine de nationalités. Véritable entonnoir à civilisations, elle a vu les hommes échanger leurs langages, leurs lois, leurs techniques, leurs richesses, leurs idées,… dans la coopération ou dans la violence : l’international fait partie du « patrimoine génétique » de la région Rhône-Alpes.
Mais pour donner une suite et du sens à cet héritage, notre région doit se positionner en intégrant les données du monde actuel.
Second constat : Une région au coeur d’un monde inégalitaire et instable
Notre planète n’a jamais été aussi dangereuse. La fracture économique qui oppose le monde des riches et le monde des pauvres est source de conflits, de révolte et d’instabilité. Quatre milliards de personnes vivent avec moins de 2 € par jour, 30.000 enfants meurent chaque jour, ce qui engendre un tsunami silencieux toutes les semaines.
Intégrer ces données, c’est comprendre que notre construction doit être équilibrée. Nous devons fortifier notre rayonnement international par les échanges économiques, universitaires, … mais nous devons aussi oeuvrer pour permettre le partage des richesses et du développement à l’échelle de la planète.
Une volonté politique et des moyens
Ceci implique une politique volontariste et humaniste à l’international.
Par les moyens d’abord : au regard du protocole de Johannesburg, le budget consacré à l’aide au développement sera portée de 0.38 % à 0.7% du budget régional. Avec 10 millions d’euros affectés sur cette ligne budgétaire en 2006, notre région possède le premier budget d’aide au développement des collectivités françaises.
Par la méthode ensuite : le droit de choisir démocratiquement son propre modèle de développement local en tenant compte de son Histoire, de sa culture, du contexte, … est un droit fondamental pour tout les peuples. Nous devons aider nos partenaires à intégrer ces principes afin de bâtir une mondialisation humaniste ou plusieurs mondes échangent, coexistent, s’enrichissent les uns, les autres.
Une volonté politique et une méthode
La Région a aussi veillé à inscrire son action dans une logique de renforcement de l’action publique locale. Pour cela, nous avons pour stratégie d’aider nos partenaires à réussir leur décentralisation. Rapprocher la prise de décision du citoyen et l’inscrire dans un processus démocratique sont des valeurs dans lesquelles nous inscrivons la philosophie de notre action politique.
La coopération décentralisée, lorsqu’elle associe la collectivité locale partenaire à toutes les étapes de l’élaboration des politiques publiques et qu’elle renforce son rôle et ses moyens, donne toutes ses chances à la décentralisation, notamment dans les pays où celle-ci fait ses premiers pas et où elle peut être un facteur de rénovation de l’action publique et d’avancée démocratique. Mais nous savons, par expérience, pour l’avoir pratiqué, que la décentralisation ne se décrète pas, c’est un long processus qui demande énormément de travail et de persévérance. Les collectivités locales du Sud, engagées dans un récent processus de décentralisation, n’ont que peu de ressources pour répondre aux besoins de leurs populations. La coopération décentralisée, telle que nous la définissons, trouve ici toute sa légitimité et son utilité.
Une stratégie géo-planétaire : un réseau de coopérations sur trois zones géostratégiques
Le sud méditerranéen est une zone de convention privilégiée pour Rhône-Alpes, ceci pour plusieurs raisons : le protocole de Barcelone, supposé créer une zone d’échanges et de développement sur ce secteur, est au point mort. Les collectivités locales ont le devoir d’insuffler un nouveau dynamisme avec une approche plus pragmatique et locale.
Rhône-Alpes est la première région française en volume d’échanges avec la zone du Maghreb. Plus généralement dans ce bassin, nos populations et nos économies sont mêlées. Il nous faut bâtir une approche qui dépasse le cadre européen pour définir une zone régionale d’économie intégrée. La démocratie et la paix sont les préalables incontournables au développement. Nous devons avoir une stratégie de promotion de ces valeurs sur cette zone.
Les conventions de coopération développée par la Région Rhône-Alpes se localisent au Maroc avec la Région de Rabat-Salé-Zemmours-Zaers, en Tunisie avec le Gouvernorat de Monastir, au Liban avec la Région de Tripoli. Des négociations sont engagées sur les Willayas de Sétif, Annaba et Constantine en Algérie.
En Afrique de l’ouest et à Madagascar, l’action de Rhône-Alpes est d’aider à concrétiser les objectifs du millénaire pour le développement. Dans ces territoires, ces coopérations sont aujourd’hui reconnues notamment pour leur apport au processus de décentralisation et aux dynamiques de développement local. La Région a été sollicitée au niveau national dans plusieurs pays où des coopérations régionales sont en oeuvre : participation au séminaire de Kaolack et de Saint-Louis au Sénégal, appui à la Direction Nationale des Collectivités du Mali, Maison de la Coopération au Burkina Faso.
Les différentes coopérations régionales d’Afrique de l’ouest constituent un pôle de références et de compétences. En juin 2006, Rhône-Alpes et ses partenaires d’Afrique de l’ouest : la région des Hauts-Bassins au Burkina-Faso, les régions de Matam et de Saint-Louis au Sénégal, la Région de Tombouctou au Mali ont crées la CeprAo (cellule d’échange et de partenariat région Rhône-Alpe s- Afrique de l’Ouest). Cette structure a pour vocation de dimensionner les échanges et le partenariat dans les trois logiques : sud/ nord, nord/sud mais aussi sud/sud. Le positionnement sud/sud est une démarche d’actualité en vue d’aider nos partenaires dans leur désir de bâtir une zone régionale d’économie intégrée leur permettant une plus grande marge de manœuvre dans leurs choix politiques et économiques. Notre partenariat avec la Province de Tamatave à Madagascar est notre plus récente convention signée sur cette zone.
En Asie, la coopération régionale est structurée autour de trois pays : au Viet-Nam avec les Provinces de Hô Chi Minh Ville et de Dong Nai, au Laos avec Province de Khammouane et au Sri-Lanka avec la région de Sabaragamuwa.
Depuis la mise en place du nouvel Exécutif en avril 2004 , la politique de solidarité internationale du Conseil régional a été marquée par :
1. L’adoption et la signature de nouvelles conventions avec : la Région des Hauts Bassins au Burkina Faso ; la Province de Tamatave à Madagascar ; la Fédération des collectivités de la région de Tripoli au Liban ; la Province de Sabaragamuwa au Sri-Lanka pour un programme de reconstruction suite au Tsunami.
2. Le renouvellement de conventions avec : la région de Rabat au Maroc ; la région de Tombouctou au Mali ; les provinces de Saïgon et Dong Naï au Vietnam, la province de Khammouane au Laos, les régions de Saint-Louis et Matam au Sénégal.
3. Des négociations sont en cours pour renouveler notre convention avec le gouvernorat de Monastir en Tunisie, pour signer une nouvelle convention avec les willayas de Sétif, Annaba et Constantine en Algérie.
4. Le lancement du plan régional de soutien au commerce équitable
5. L’aide aux initiatives en Rhône-Alpes pour la Semaine de la Solidarité Internationale par le soutien à des programmes départementaux
6. Le financement de la quinzaine nationale du commerce équitable (mois de mai)
7. La prise en compte d’actions d’urgence suite au tremblement de terre au Pakistan
8. La mise en place d’un fonds d’aide de 1ère urgence
9. La création d’un dispositif de bourses pour les jeunes professionnels de nos zones en convention
10. La mise en place d’un dispositif pour aider les actions des jeunes dans le cadre de la solidarité internationale
11. La création de la CEPRAO (cellule d’échange et de partenariat région Rhône-Alpes – Afrique de l’Ouest – Madagascar)
12. Le financement et la présidence du groupement d’intérêt public RESACOOP (créé par la Région et par l’Etat), outil d’aide à la mobilisation des acteurs régionaux par l’information, la concertation et l’appui.
// 3 Novembre 2007 //